Art et Guerre , résistance et propagande ...

par M Corfmat Professeur d'Arts Plastiques  -  26 Mars 2014, 09:03  -  #HISTOIRE DES ARTS

Art et Guerre , résistance et propagande ...

La photographie plasticienne / la photographie reportage ....

Quand l'image manipule

Quand l'image informe

Quand l'image dénonce .......

Alex Webb : Débarquement Des troupes Américaines à Haïti .1994

La photographie prise par Alex Webb est une image, qui dénonce la propagande américaine mise en place par l' armée à travers le service de communication du Pentagone. Il s' agit là d' une manipulation médiatique et de l' opinion publique pour justifier leurs interventions dans les pays étranger. Car si l'on était amené à voir l' image prise par un des photographes se trouvant face aux militaires, nous aurions nous même une toute autre interprétation de la scène. Par conséquent Alex Webb se positionne de façon à dénoncer la manipulation médiatique mise en place par l' armée américaine.

Stuart Franklin : Place Tian'anmen

Stuart Franklin : Place Tian'anmen

Il y a 20 ans, se déroulait le massacre de Tian’anmen. Grâce à une image forte, cet évènement reste encore dans toutes les mémoires. Mais pour le peuple chinois, elle est toujours interdite. À l’heure où des velléités de contrôle de l’internet se font jour jusque dans nos plus belles démocraties, il peut-être utile de s’en souvenir.

L'image de la place Tian an Men est de nature photographique, réalisée par Stuart Franklin, à Pekin, lors des manifestations estudiantines visant à dénoncer l' absence de démocratie en Chine.

Au premier plan on aperçoit quatre chars d'assaut, bientôt rejoints par un cinquième qui sont arrêtés par un seul homme.La photographie à été prise en plongée d'une position relativement éloignée de la scène.

Elle illustre l'esprit de résistance, elle sera utilisée à des fins de propagande au service de la démocratie. Elle nous informe sur la précarité de la révolte des étudiants chinois.

En outre diverses magazines comme Le Figaro, qui déclare qu' "à lui tout seul, cet homme a arrêté une colonne de chars" alors que les Le Parisien lui déclare que "les Pékinois n' ont pas cessé de défier l' armée allant jusqu'à bloquer l'avancée des chars". Par conséquent constate que chaque média livre une interprétation opposée de l' événement.

Lénine s'adressant à des soldats.Lénine s'adressant à des soldats.

Lénine s'adressant à des soldats.

La photographie date du 5 mai 1920. Lénine prend la parole devant des troupes sur le point de partir combattre l’armée polonaise qui s’est avancée vers l’est dans des territoires que les bolcheviks considèrent comme les leurs. Le 2 juillet, le général M. Toukhatchevsky aurait alors proclamé : « La route de l’incendie mondial passe sur le cadavre de la Pologne... » Son offensive fut brisée aux abords de Varsovie du 15 au 20 août, l’armée rouge étant contrainte à une retraite rapide et désordonnée. Le rêve d’atteindre l’Allemagne industrielle pour relancer la révolution mondiale avait fait long feu. L’année suivante les deux adversaires signeront un traité de paix à Riga.

En contrebas de l’estrade se tiennent Léon Trotski et (devant lui) Lev Kamenev. Dès les années trente, la photo est retouchée ou recadrée (document n° 3). Trotski, exilé sur l’île de Prinkipo dans la mer de Marmara, en disparaît tout comme Kamenev qui, appartenant à l’opposition à Staline, ne « mérite » plus de figurer sur les clichés officiels.

Joe Rosenthal , les marines plantant le drapeau américain à Iwo Jima au japon,1945 + image d'origine
Joe Rosenthal , les marines plantant le drapeau américain à Iwo Jima au japon,1945 + image d'origine

Joe Rosenthal , les marines plantant le drapeau américain à Iwo Jima au japon,1945 + image d'origine

Cette photo figure parmi les plus célèbres au monde car elle symbolise une armée américaine triomphante qui vient d'arracher aux Japonais une île stratégique, près du Japon, après les combats parmi les plus meurtriers de la guerre du Pacifique.

Joe Rosenthal a pris son cliché le 23 février 1945, quand il était photographe pour l'agence américaine Associated Press (AP). Comme toutes les photos célèbres, celle-ci a été contestée : trop bien construite pour ne pas être une mise en scène. Rosenthal a reconnu plus tard qu'il n'a pas gagné le sommet de l'île où une autre photo avait déjà été faite. Il attendit juste que le second drapeau, plus grand, soit installé. Mais il n'a pas "fabriqué" une scène qui a d'ailleurs été filmée par un sergent américain.

Mort d'un milicien  Robert Capa, 1936

Mort d'un milicien Robert Capa, 1936

Peu de clichés nous confrontent avec autant de violence à la mort.

Cette célèbre photographie est l’œuvre d’un tout jeune reporter de guerre hongrois, Robert Capa (1913-1954), qui, à 22 ans, est parti couvrir la guerre d’Espagne opposant les Républicains aux troupes franquistes. Sur le front d’Andalousie, il saisit dans l’objectif un soldat des milices républicaines fauché par une balle, dans un coin de campagne aride et isolé. Quelques jours plus tard, le 23 septembre 1936, le magazine Vu, son commanditaire, publie l’image sans légende dans un numéro spécial sur la guerre civile qui ravageait la péninsule.

Lorsqu’elle illustre un article dans Paris-Soir, un an plus tard, son auteur, Antoine de Saint Exupéry, lui confère déjà une portée plus générale (« Le front est animé par une fusillade lointaine, incohérente et universelle« ). Selon Françoise Denoyelle, historienne de la photographie, ce cliché accède, dès ces publications ultérieurs « et par sa symbolique [...] au rang d’icône emblématique de la guerre d’Espagne. »

Des polémiques fusent à partir de 1970 : est-ce une photo de Robert Capa ou de sa compagne Gerda Taro ? Qui est ce soldat ? Est-ce une mise en scène ? Les débats n’ont jamais abouti, les négatifs ayant été perdus. Mais ils n’ont pas réussi à déprécier sa valeur photographique et historique.

L’horreur au milieu d’un paysage grandiose

Une fin d’après-midi, sous le soleil, comme l’indique l’ombre du soldat. Une paysage majestueux et désolé d’Andalousie… Un bel endroit pour mourir ? Dans son livre L’Oeil naïf, le philosophe et écrivain français, Régis Debray se dit surpris par l’éclairage et les nuages rondelets, tout autant que par la chaleur de la terre et l’immensité des horizons : « Il y a autour de ce sacrifice lumineux, suspendu en plein ciel, quelque chose de solaire et d’océanique, qui le soustrait à la rubrique « horreur de la guerre ». »

Entre la vie et la mort

Si cette photo est devenue une icône, c’est bien parce qu’elle a su immortaliser un instant fugitif ; le passage de la vie à la mort, terriblement matérialisé par la chute de l’homme sur l’herbe. Le temps est comme suspendu. Le soldat tombe, lâche son fusil, emblème de sa lutte contre le fascisme, et cette photographie symbolise rapidement l’Espagne et sa République abandonné par les démocraties. Deux héros s’offre ici à nous : le milicien et le reporter. Tous deux mettent leur vie en péril : au service des valeurs républicaines, pour l’un, au service de la liberté de l’information, pour notre photographe.

Juste un peu flou

Le décor de cette scène est presque entièrement flou. Signe tangible que la photo est une image d’information, prise sur le vif. On renonce à l’esthétisme parfait chez les reporters parce que le flou est également une preuve d’authenticité. Il deviendra même la marque de fabrique des photojournalistes. Ainsi, en 1944, Capa couvre le débarquement de Normandie. Le magazine Life publie ses images et affirme qu’en raison du tremblement du photographe, elles sont « justes un peu floues ». Par dérision, Capa reprendra ses mots pour titrer ses mémoires de guerre.

Au cœur de l’action

Comment Capa a-t-il pu prendre cette image de si près ? Grâce à une innovation de l’époque : l’appareil Leica, petit et léger, que son ami Henri Cartier-Bresson utilisait aussi. Capa se déplace ainsi aisément. Il semble ici aux pieds du soldat chancelant, isolé dans le cadre, légèrement en contre-plongée, ce qui renforce la proximité du reporter et du milicien, et place le spectateur en plein cœur de l’action. Illustration concrète du célèbre conseil de Capa :

« Si ta photo n’est pas bonne, c’est que tu n’étais pas assez près ».

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